24 mai 2018 : Un après midi à l'Ile Seguin
Notre car est complet pour cette visite où nous serons séparés en deux groupes.
Nous sommes accueillis par Monsieur Théry, un adhérent, qui a travaillé longtemps chez Renault, sur cette ile.
Il guidera un groupe dans ce petit musée de l’Ile pendant que la guide de Val de Seine Aménagement expliquera les projets de construction à l’autre groupe devant une grande maquette du site.
D’une surface de 11,5 hectares, cette ile sur la Seine est située face à Meudon, juste en aval de l'île Saint-Germain, entre Boulogne-Billancourt, sur sa rive droite, et Sèvres sur sa rive gauche.
Elle abrita de 1929 à 1992 une partie des ateliers de l’usine Renault qui couvrait la quasi-totalité de l'île. Les bâtiments industriels ont été rasés en 2004-2005 et le site est aujourd'hui en réaménagement.
Un peu d’histoire, par Monsieur Théry :
Avant le XVIIe siècle, l'île est la propriété de l'abbaye de Saint-Victor et ses terres sont louées à des fermiers qui y pratiquent des cultures.
Elle n’était alors desservie que par un pont de bois et était sujette aux inondations.
L'île se trouve subitement valorisée avec la création du château de Versailles. En effet, elle se situe sur la nouvelle route qui relie Versailles à Paris et devient alors un lieu fréquenté par l'aristocratie.
En 1747, le roi Louis XV fait l'acquisition de l'île pour ses filles. Devenue « l'île Madame », elle est ensuite revendue avant la Révolution française à une blanchisserie, la société Riffé, appelée « Buanderie de Sèvres ».
Elle est alors desservie par un pont de pierre.
En 1790, avec la nationalisation de la blanchisserie, l'île revient dans le giron de l'État. Elle est acquise en 1794 par un chimiste, Armand Seguin - qui lui laissera son nom - pour y appliquer une nouvelle méthode de tannage du cuir. Elle comporte alors essentiellement des tanneries et des blanchisseries.
Durant la Belle Époque, tout en conservant sa fonction industrielle, l'île Seguin redevient également un lieu prisé pour les loisirs : canotage, tir aux pigeons, pêche à la ligne.
En 1919, Louis Renault patron de la « Société des Automobiles Renault », dont les usines occupaient jusqu’ici des terrains sur la rive droite de la Seine, à Boulogne-Billancourt (« le Trapèze »), ainsi que sur la rive gauche, à Meudon (Bas-Meudon), acquiert l'île Seguin.
L'industriel y construit sa première usine entre 1929 et 1934.
L'histoire de l'île va désormais coïncider avec celle de l'usine Renault
Complètement autonome, celle-ci possédait sa propre centrale électrique et plusieurs sites d'essais, dont une piste souterraine, ainsi qu'un pont d'embarquement pour transporter les véhicules par voie fluviale.
C'est alors la plus grande usine de France, avec plus de 30 000 employés.
Durant la Seconde Guerre mondiale, l’usine, qui produit alors des camions pour l’occupant allemand, subit plusieurs bombardements alliés notamment le 3 mars 1942 et en 1943, faisant des dizaines de victimes dans les villes avoisinantes.
Louis Renault accusé de collaboration avec l’ennemi meurt en prison en 1944, peu avant son procès.
L'entreprise est alors nationalisée le 15 janvier 1945 sous le nom de « Régie Nationale des Usines Renault » la RNUR.
Dans les années 1950, l'usine symbolise la croissance et la modernité de l'industrie française, notamment au moment où la Régie Renault lance la fabrication en grande série de la populaire 4CV.
L'usine devient en même temps un bastion du syndicalisme, notamment pendant les événements de Mai 1968.
Alors qu'elle possède désormais de nombreux sites de production, en France comme à l'étranger, la régie annonce la fermeture de l'usine en 1989, celle-ci ne correspondant plus aux exigences des nouveaux processus de production.
La dernière voiture, une Super-cinq, sort des chaînes le 31 mars 1992.
L'évolution du sigle RENAULT
au long de son histoire
Le nettoyage des bâtiments a commencé presque immédiatement après, mais ce qui posa le plus de problème fut l'énorme chantier de désamiantage et de dépollution du sol.
La démolition des bâtiments de l'usine Renault se trouvant sur l'île a démarré le 29 mars 2004 et s'est achevée le 8 mars 2005.
Les projets sur l’Ile et le nouvel éco-quartier, par notre guide :
Depuis la fin des années 1990, plusieurs idées d'aménagement furent évoquées et de nombreux projets architecturaux ont été proposés.
L'île Seguin a été achetée 43 millions d'euros à la régie Renault par la Société Anonyme d'Economie Mixte (SAEM) Val de Seine Aménagement dans laquelle la ville de Boulogne est largement majoritaire (64 %) à côté du département des Hauts-de-Seine (10 %) et de la Caisse des dépôts et consignations (15 %).
Le projet actuel retenu, vise à construire un pôle artistique et culturel ainsi que 12 000 m2 de jardin public. Ce projet de l'île Seguin s'organise autour de deux pointes consacrées, l’une à l'art contemporain et l’autre à la musique, alors que le centre de l'île abritera un Campus sportif et un pôle multimédia.
Un musée d’art contemporain devait être réalisé par le milliardaire François Pinault avec un bâtiment de l'architecte Tadao Ando, proposé dès 1999. François Pinault a officiellement renoncé à son projet le 10 mai 2005, et justifia son choix par la longueur des délais administratifs et des tensions locales pour la réalisation de celui-ci. Pinault a donc décidé de réaliser son musée à Venise…
Le 5 juillet 2014 Patrick Devedjian pose la première pierre de la Cité musicale de l'Île Seguin des architectes Shigeru Ban et Jean de Gastines sur la pointe aval.
La Seine musicale est livrée en avril 2017.
Une vue depuis la Seine et l’entrée depuis l’Ile Seguin, avec sur la gauche le grand escalier qui monte aux jardins Bellini.
Devant une maquette englobant le Bas Meudon, l’Ile Seguin et le Trapèze, notre guide de Val de Seine Aménagement nous explique les constructions réalisées ou en projet sur tous les terrains laissés par Renault.
Ce nouvel éco-cartier est déjà bien avancé et largement habité.
Ensuite, il fait un temps splendide et nous avons le plaisir de monter à pied ou en ascenseur vers les jardins Bellini d’où l’on peut admirer « La Seine musicale » et toutes les nouvelles constructions alentour.
Nous terminons notre visite par un agréable goûter assis dans un bar voisin.
Le retour vers Taverny se fait sans encombre malgré l’heure de sortie des bureaux.
Henri